Histoire 26 : travail en solitaire
27 et 28 décembre
Je m’inscris à un stage de travail en bride, de niveau galop 5. Nous apprenons aussi à longer avec un enrênement (rênes allemandes et gogue). Etrangement le gogue convient moins bien à Ananas que les rênes allemandes, pourtant je suis tout sauf une adepte des rênes allemandes. Aujourd’hui, je suis même carrément contre, mais c’est un point de vue très personnel. Ananas se place en effet mieux avec les rênes allemandes alors qu’il lutte un peu contre le gogue. Par la suite, cependant, j’utiliserai rarement un enrênement, quel qu’il soit. Mais apprendre à l’utiliser n’est jamais inutile.
Parfois je travaille encore sur des barres au sol. J’essaye désespérément de le rasséréner face à ces bâtons si dangereux qui sautent au ventre des grands chevaux, c’est bien connu ! Lorsque je le sens un peu serein, je tente même de le mettre face à une petite croix. Tant qu’il n’a pas trop de temps pour voir l’obstacle, il reste calme, sans charger dans la barre et franchit presque l’obstacle dans sa foulée de trot. Mais comme je ne suis pas très experte dans cette discipline (ce n’est pas une nouveauté) je ne parviens pas à l’aider à franchir la croix dans la foulée idéale. Bon, d’accord, pour « sauter » 30cms, il n’y pas non plus besoin de véritable technique. J’aime les barres au sol car elles me permettent de travailler sur le plat. Je sens le dos d’Ananas qui monte bien au-dessus des barres. Il prend du rebond au fur et à mesure de l’exercice. Mais il faut que je m’efforce par contre de ne pas regarder le sol, comme à mon habitude, mauvaise, je le sais ! Ce travail m’oblige aussi à réfléchir sur ma position, ce qui n’est jamais du luxe en équitation. Le franchissement au galop corse un peu la difficulté car là encore Ananas a tendance à précipiter pour en finir le plus vite possible. Parfois même il saute la barre. Or je suis chaussée dressage, et il m’est difficile de me mettre en équilibre. Je recherche donc aussi la régularité dans l’allure. Cette régularité Ananas me l’offre tant qu’il n’y a rien à franchir mais pour ce type d’entraînement, cela demande de la vigilance de ma part afin de retrouver à nouveau ce rythme de métronome qui m’est si familier et si cher.
Il arrive parfois que je doive monter en reprise sans être en tête et généralement ces reprises-là sont détestables. Ananas me treuille comme un forcené et j’ai 200kgs dans chaque bras, sans compter que sa bouche souffre du traitement. Certains chevaux du club ne peuvent pas être placés autrement qu’en tête de reprise avec des cavaliers moins confirmés, je n’ai donc pas le choix, il me faut accepter de passer derrière. Je ne monte qu’Ananas alors je le maîtrise mieux et je connais aussi bien ses travers que ses qualités.
J’aime aussi de plus en plus souvent faire des séances rênes posées sur l’encolure, pour guider Ananas à la voix. Ce travail portera ses fruits sur le long terme. Ananas finira par réagir à la moindre de mes pensées. Sans étrier (je les vire presque systématiquement), les mains dans les poches il n’y a qu’à penser « galop » pour qu’il déroule les triolets réguliers de son allure. J’en arrive à me demander s’il n’avait pas appris à lire une partition avant notre rencontre !