Histoire 24 : le dressage
Je me suis occupée de ses crins au cours de la semaine, de manière à ce que sa crinière soit bien régulière, mais j’ai refusé catégoriquement de la lui couper, alors tant pis pour les pions. Ils prennent Ananas comme il est, où ils lui trouvent un remplaçant !!! Je leur prête déjà le licol et la longe, le matériel de pansage, le tapis blanc brodé (souvenir d’un week-end à Fontainebleau), la bride et même ma selle quand ce sont des cavaliers que je connais bien, les protections de transport, la couverture séchante, ils peuvent bien faire un effort pour prendre Ananas en l’état !!!!
A la fin du mois, j’essaye encore une selle de dressage qu’une amie cavalière veut vendre car elle ne convient pas au cheval qu’elle a alors au travail (une PSA : Avrile), mais je dois encore remettre cet achat à plus tard ! Je n’ai ni son assiette, ni sa taille, d’ailleurs !
Le dressage : discipline entre toutes les disciplines. Le dressage permet d'assouplir longitudinalement et latéralement nos chères montures afin de les rendre maniables et faciles à monter; de les amener à un bon équilibre, de les rendre confortables; de les amener à exécuter des figures de manège, montés, figures qu'ils réalisent naturellement en liberté; de développer leurs allures naturelles et leurs qualités athlétiques. Le dressage permet au cavalier de développer la communication avec sa monture grâce à des aides dites naturelles : la main, la jambe, le poids du corps, le regard. L'objectif du dressage est de parvenir à affiner ces aides au point qu'elles en deviennent invisibles aux yeux du commun des mortels. Déplacer un cheval au poids du corps, le mettre en place au poids du cuir, voilà l'idéal recherché par tous les dresseurs, au point de ne plus faire qu'un avec sa monture dans la recherche de l'équilibre et de la légèreté : le cavalier et son cheval devenus UN, un Centaure. Une tête pour penser, un corps pour exécuter...
Mais là je m'envole vers des hauteurs inaccessibles à la plupart des cavaliers. Dresser pour offrir au cheval un maximum de confort; pour qu'il puisse travailler dans les meilleures conditions physiques pour lui-même et son cavalier; qu'il soit à l'écoute des aides et disponible; pour qu'il puisse se livrer sur un parcours de saut d'obstacles sans danger pour lui-même et son double humain ou sur un parcours de cross; dresser pour qu'il considère l'homme comme son compagnon, celui en qui il peut avoir confiance, qui ne le placera pas dans une situation dangereuse, celui qu'il peut suivre comme il suivrait un congénère dominant; dresser pour mettre en valeur la noblesse et la beauté de nos chères cavales... Voilà pourquoi j'aime le dressage.
Pourtant, rien n'est plus ingrat que le dressage. Qu'est-ce qui ressemble le plus à un cercle qu'un autre cercle ? Mais la recherche du cercle parfait, du mouvement parfait, fluide, magique ... est d'une aridité désespérante. Aussi fait-elle fuir beaucoup de cavaliers. Et pourtant, l'émotion, l'adrénaline sont les mêmes; lorsqu'on sent enfin ce mouvement qui se fait dans la subtilité, la souplesse la plus totale; que celles ressenties au-dessus d'une barre; lorsqu'on sent que le cheval se livre à nous de sa propre volonté, pour nous rendre enfin gracieux et nobles nous aussi, et FIERS, si fiers d’eux qui nous donnent ce bonheur !
Le dressage est vraiment ma discipline de prédilection, parce qu'il demande énormément de discipline de la part du cavalier, parce qu'il discipline le couple, et parce qu'il n'est pas besoin de s'appliquer la discipline pour se faire cependant plaisir.
PS : la langue française n'est-elle pas subtile ?