Histoire 17 : désensibilisation
Cette liberté que j’accorde à Ananas me sert d’ailleurs bien pour le désensibiliser à la cravache. Lorsque je l’ai acheté, je me suis vite rendu compte qu'approcher la main de sa tête équivalait à une agression : il se tassait de peur au fond de son box.
Lorsque quelques semaines plus tard, j'ai découvert en plus, sa peur extrême de la cravache, je me suis trouvée vraiment démunie ...Pour la caresse sur la tête, la confiance a fait son office, et aujourd’hui je le salue de cette manière. Pour la cravache il m'a fallu ruser : j'ai commencé par en prendre une toute petite avec moi lorsque je le lâchais en liberté, ainsi je bougeais avec et il avait tout loisir de la fuir à son aise.
Puis, progressivement, je l'ai caressé cravache en main, et j'ai fini pas pouvoir la passer sur tout son corps sans qu'il se sauve ou ne la regarde d'un oeil inquiet.
Monté c'était encore un gros souci. A peine décollais-je ma main de l'encolure qu'en 5 foulées nous avions traversé la carrière. Mais, progressivement aussi j'ai fini par le rassurer jusqu'à pouvoir la changer de main sans qu'il m'embarque.
Puis un jour j'ai eu la bonne idée de m'en servir pour chasser les mouches. Et la magie du geste a opéré ! J’ai finalement pu la lui passer la cravache sur tout le corps, monté comme à pieds.
Parallèlement j'ai continué mon travail de désensibilisation à pieds avec la chambrière; d'abord en bloquant le fouet, puis en le laissant courir sur son dos, du garrot à la queue. L'inconvénient c’est qu’il ne craindra pas du tout la chambrière quand je la claque en longe pour le faire avancer. Et je finirai par pouvoir le monter avec le grand stick de dressage et même m'en servir un peu énergiquement sans qu'il le craigne. C'est vrai que j'ai eu la chance de ne jamais avoir à m'en servir pour punir, mais juste pour le remettre en avant ou pousser les hanches. J'ai cette même chance avec Liam : les seuls moments où il a fallu sévir ont été à pieds.
Ananas et Liam ont reçu quelques claques bien senties sur la croupe ou l'encolure, pour des dents qui claquaient trop près, un postérieur levé ou un antérieur lancé ou
lorsque Papy grognon a manifesté quelque fois son agacement en couchant les oreilles et claquant les dents, généralement dans le vide - sauf lorsque j'avais la malencontreuse idée de bouger en même temps que lui ce qui amenait mon bras sous ses dents !). Alors je me fâchais rouge, déjà à la voix, pour lui asséner une claque ensuite. Il sait qu'il avait mal fait et tente de se faire tout petit dans on box. En raison de sa peur de la main j'ai toujours évité la tête sauf lorsqu'il s’agissait de me fâcher d'une chiquenaude.
Avec Liam aussi je me suis déjà fâchée. Lui aussi sait très bien lorsqu'il a fait une bêtise et commence à reculer avant que j'aie eu le temps de sévir. Par contre, il a reçu une ou deux claques sur le bout du nez et ces fois-là il n'a manifesté aucun mouvement de recul, très conscient d'avoir dépassé "les bornes des limites" et d'avoir mérité mon mouvement d'humeur.
La maltraitance est pour ceux qui oublient que le cheval est un être vivant doué de sensibilité, avec ses forces et ses faiblesses, et qui s'en servent pour assouvir leur besoin de dominer, leur besoin de se valoriser, leur besoin de gagner à tous prix ...
A ceux-là effectivement, on devrait retirer la cravache, les éperons et tout autre moyen de coercition. On devrait même leur retirer le cheval !!!