Article pour Malira
D'abord quelques photos pour illustrer mon propos :
Lorsque j'ai acheté Liam à 5 ans, j'étais chez un instructeur qui ne jurait que par la méthode du docteur Pradier qui prône l'extension d'encolure. Certains chevaux ne parviennent pas ou n'acceptent pas de s'étendre comme le fait Liam sur ces photos, alors que lui, en trois jours s'est inscrit dans l'extension d'encolure avec béatitude. Aujourd'hui, lorsqu'on veut le récompenser pour un travail bien exécuté, il suffit de lui rendre les rênes pour qu'il s'étire ainsi avec délectation. Il peut encore d'ailleurs descendre plus bas, le bout du nez pratiquement entre les antérieurs, mais à l'époque des photos, le filet que j'utilisais ne me permettait pas de lui laisser autant d'amplitude qu'il l'aurait souhaité. Il aurait fallu éventuellement que j'avance encore un peu la main, mais cela m'aurait obligée à avancer les épaules.
L'extension d'encolure est souvent utilisée par les cavaliers de complet, ou pour rééduquer un cheval qui a eu des soucis de dos. J'avoue que c'est particulièrement impressionnant, les premières fois, de ne plus avoir devant soi que le vide, et seulement deux tiers du cheval sous la selle, mais DERRIERE soi !!! L'intérêt de l'extension d'encolure est d'étirer au maximum la ligne du dessus, de fortifier le dos et de faire fonctionner le cheval avec son dos. Pour y parvenir, il faut au début, aider le cheval à comprendre que l'on désire qu'il descende. La méthode action-réaction intervient dans cet exercice : si vous levez les mains assez haut, mais surtout, en les avançant le plus possible vers la bouche, en tenant les rênes à la boucle (action) il va chercher à s'opposer au mouvement des mains (réaction) et baisser le nez.
L'autre méthode consiste à "peigner" les rênes avec les mains, pour exercer cette même tension vers le haut, afin que le cheval exerce lui-même une tension vers le bas. Pour cela, on avance les mains le plus loin possible vers les oreilles du cheval, un doigt entre les deux rênes et un de chaque côté, en laissant doucement et régulièrement glisser les mains vers la boucle, en alternant une main après l'autre.
Cet exercice n'a cependant d'intérêt que si le cheval reste tendu et continue à se pousser avec les postérieurs. On voit sur les photos que le postérieur vient largement dans la trace de l'antérieur. Parfois Liam se méjuge encore davantage. Il faut veiller sur chaque foulée à ce que le cheval n'accélère pas, ni ne ralentisse en repassant à l'allure inférieure ou en se mettant à galoper à 4 temps, ce qui signifierait qu'il reporte son poids sur les épaules. Il doit descendre, en gardant la même cadence et la même foulée. On peut cependant lui demander un allongement. La seule différence que vous devez y trouver, c'est que vous devez sentir son dos monter davantage et vous trouver propulsé vers le haut sans avoir à vous enlever dans les étriers. On peut travailler le cheval à l'extension d'encolure, aux trois allures, (au galop quand je laisse descendre Liam, je le sens reporter son poids vers l'arrière pour libérer ses épaules) soit sur une séance complète de stretching, soit en début de séance pour l'échauffer et en fin de séance afin de lui permettre d'étirer les muscles que nous lui avons demandé de contracter dans le travail de deux pistes ainsi qu'aux allures plus rassemblées. On peut passer des transitions descendantes comme montantes à l'extension, à condition de bien garder une main légère et le cheval sur la jambe. Les cercles, les serpentines, les changements de main s'exécutent sur une simple rêne d'ouverture. Le cavalier doit cependant veiller à ne pas aller dans le sens du cheval : c'est-à-dire à ne pas basculer les épaules vers l'avant, sous peine de charger celles du cheval d'un poids supplémentaire et le pousser à accélérer. Les transitions descendantes passent par un léger redressement du buste, en portant le regard loin et en fermant très légèrement les doigts sur les rênes, si besoin est. Le cheval doit rester dans la même attitude sans se creuser en se remontant, dans les transitions. Il faut accepter de ne plus tenir le bout du devant et cela n'est pas toujours une mince affaire pour le cavalier ! En longe, Liam a toujours le nez dans la sciure, presque à creuser un sillon avec le bout du nez. D'ailleurs, le souci c'est lorsque le sol est un peu poussiéreux !!!
L'inconvénient, maintenant, parce qu'il y en a toujours un : certains chevaux ont beaucoup de difficulté à accepter de se remonter tellement ils trouvent du confort à être travaillés dans l'extension d'encolure. Liam voudrait n'être travaillé qu'ainsi si on abondait dans son sens. Et puis, en balade, quand il se met à l'extension, il finit parfois sur les genoux parce qu'il oublie de se concentrer sur les irrégularités du chemin !!! Dernier inconvénient, je ne peux pas mettre d'enrênements à liam car il se prendrait aisément les pieds dans les ficelles, surtout s'il est joyeux et qu'il s'exerce au jeter d'antérieurs, ni même lui passer la longe de travail en gourmette, parce qu'elle traîne alors par terre.
Je dois avouer que je n'ai jamais eu Ananas à l'extension paroxystique : or, il a une encolure nettement plus longue que celle de Liam, alors je peux vous dire que quand je suis passée d'Ananas à Liam, j'ai déjà trouvé qu'il me manquait une longueur de capot, sensation qui s'est encore renforcée outrageusement lorsque j'ai perdu la tête de Liam, quelque part entre ses antérieurs, où je n'envisageais même pas qu'un cheval puisse tenir ses oreilles
Voici l'adresse d'un blog qui est dédié à la méthode Pradier avec une vidéo d'un stage initié par le Docteur Padier lui-même : très intéressant et en plus on voit bien comment pratiquer l'extension !!!
http://mecaniqueequestre.over-blog.com/