Histoire 13
Je remettrai une bombe pendant quelques temps, puis je finirai à nouveau par monter à nouveau sans. Je sais, ce n’est pas un exemple à suivre. Tellement habituée à la laisser « au box », je suis même arrivée sur une détente de concours de dressage, fidèle à mon habitude d’être tête nue, jusqu’à ce qu’une cavalière me demande si je n’avais rien oublié. Il m’a fallu quelques secondes avant de réagir. La bombe était restée au camion ! D’ailleurs, ce jour-là, j’ai oublié la bombe mais aussi de retirer les protections de travail pour dérouler ma reprise !!!
Mais je reviendrai sur le sujet plus tard.
Le 11 novembre 99, j’ai la très bonne mauvaise idée de proposer Ananas au moniteur, pour participer à la balade de trois heures organisée ce jour-là. Vieux souvenir d’une vielle chute déjà évoquée au début de l’histoire, je n’ai jamais vraiment aimé les balades, toujours cette peur de la chute, mais c’était-là l’occasion pour mon « gros » de sortir du manège. Le moniteur remontait à cheval pour la première fois depuis des plusieurs mois après une chute la tête dans le pare-bottes (sans bombe) qui lui avait valu deux vertèbres cervicales cassées (heureusement sans déplacement de vertèbre) et un corset. Ananas étant très calme et pas assez fou pour sauter la rivière, ce qu’il fera pourtant exceptionnellement ce jour-là, ce me semblait une fort bonne idée, sécurisante pour tout le monde ! Sauf qu’au cours de cette fichue balade, ils étaient tout un peloton et qu’en plus le moniteur a eu la mauvaise idée de se placer au milieu de la file indienne, s’arrêtant parfois sur un côté de la route, pour laisser passer d’autres cavaliers. Et mon Ananas a passé son temps au piaffer et au passage ! Le moniteur est descendu de cheval, les bras martyrisés et des douleurs partout ! Mais quelle idée ! Pourquoi n’avait-il pas pris la tête de la balade ??? Surtout que si Ananas ne supportait pas d’être derrière, il acceptait volontiers d’avoir un cheval dans les fesses ; c’est ainsi qu’il a été une fois blessé au glôme du postérieur droit, par Amadis (un trotteur, autre cheval de propriétaire) qui lui a marché sur les talons.
La couverture séchante polaire sera la bienvenue, il en faudra même deux, car mon Ananas est rentré trempé avec son gros poil d’hiver, malgré le grand temps de pas, au retour ; enfin « presque au pas » pour Ananas. Il héritera aussi d’une estafilade (sûrement une égratignure de ronce), sur le canon du postérieur gauche, qui ne retrouvera son poil qu’en avril 2000 et qui se laisse encore deviner aujourd’hui, même si le poil n’a pas repoussé blanc, mais noir.
C’est comme pour son garrot : ceux qui le voient aujourd’hui ne peuvent pas s’imaginer qu’il a été victime par deux fois de blessures à cet endroit-là. Il n’est repoussé aucun poil blanc, comme on le voit souvent sur le garrot de nombreux chevaux. Un mois après mon achat, selle de club oblige, nous découvrons qu’il a deux plaies, certes superficielles, mais assez étendues, de chaque côté du garrot. Ce n’est pas facile de voir là-haut, sans grimper sur une caisse de pansage ou un tabouret, et dans le poil noir, encore moins, aussi n’avons-nous pas constaté la lésion à son tout début. Le moniteur l’arrête quelques jours pour laisser le temps aux plaies de sécher, puis fait un certain nombre d’essais de selles, avant d’en trouver une qui semble convenir. La selle n’est pas géniale pour le cavalier, mais au moins elle est assez large pour convenir au garrot prononcé d’Ananas. Malheureusement, au moins de juin, c'est le dessus du garrot qui hérite à son tour d’une blessure, malgré une surveillance intensive. Force m'est donc d’investir dans une selle correcte, même si ce budget-là a été prévu pour plus tard. En août, je fais l’essai d’une selle Wintec, qui certes ne blesse pas Ananas puisque la plaie n’a pas bougé pendant l’essai, mais qui me blesse moi ! Ce n’est pas très encourageant. Je teste donc une selle en cuir de la marque Privilège (petite marque très peu distribuée semble-t-il) d’un très bon rapport qualité-prix. Elle est confortable (un vrai fauteuil), pas trop technique, très dégarrotée, avec un siège semi-creux, ce qui me convient parfaitement pour le travail sur le plat, même si c’est une selle mixte. Et voilà comment rajouter 4200 francs aux frais déjà engagés !!! (A mon grand regret actuel, j’ai fait la grossière erreur de vendre cette selle, en 2006, lorsque j’étais en chimiothérapie, parce que je ne l’utilisais plus depuis longtemps. Or, aujourd’hui, elle me serait bien utile pour aller me promener avec Liam en forêt. Je l’ai vendue 320 euros, parce qu’elle était en très bon état. J’aime entretenir mes cuirs, cela m’apaise, mais je ne retrouverai pas une selle dans cet état-là à ce prix-là !). Certes, la selle ne blesse pas Ananas, mais nous le sellons avec un dispositif compliqué, qui permet par ailleurs de continuer à le monter et de laisser la plaie cicatriser à son rythme (Ananas a toujours cicatrisé très lentement, mais très bien). Le moniteur a évidé un morceau de mousse épaisse mais souple, que l’on pose comme un pont sur son garrot, avant de poser le tapis, l’alfagel et la selle, veillant à ce que tout ça reste bien en place. Je ne connaissais pas le pas de garrot, à l’époque, sinon j’aurais peut-être investi. (Quoique ! J’ai investi en la matière pour Liam, mais il garde la marque du contour du pad, bien trop longtemps après le travail pour que ce soit sain. ) Il en va de même avec la selle de club. Je peux vous assurer que je surveille attentivement et quotidiennement la cicatrisation, juchée sur la boîte de pansage. D’ailleurs, cela a duré tellement longtemps qu’Ananas finit par ne plus vouloir me laisser poser la main sur son garrot pour vérifier qu’il n’y a pas de croûtes. Mais cela n’a été que temporaire. Lorsque c’est un nouveau cavalier, je fais même en sorte de seller moi-même Ananas pour être sûre que c’est bien fait. Mais notre patience a été récompensée : il n’a pas la moindre trace de cet épisode et il n’a jamais reblessé au garrot. J’ai par ailleurs investi en double en ce qui concernel’alfagel, les brosses et le filet. Je tiens à ce qu’Ananas ait ses propres affaires. Encore une raison de plus pour rouspéter après les cavaliers de club ! C’est étrange comme les amortisseurs en alfagel ont tendance à migrer d’une selle à l’autre, dans une sellerie club !