Histoire 10

Publié le par ananasliam

Par contre, à l'époque, il a un pelham dans la bouche à mon grand regret, mais c'est une façon de canaliser son énergie que je ne serais pas forcément à même de gérer en mors simple. Je n'aurai de cesse de lui mettre un mors de plus en plus doux, pour finir en mors simple, avec de gros canons en cuivre. Heureusement pour lui, à cette période, comme beaucoup de débutants, je monte plutôt rênes trop longues que trop courtes. Mais nous découvrons vite que c'est un cheval de tête qui ne supporte pas d'être derrière, en reprise, et que le moniteur met très rapidement systématiquement en tête. Ce qui me convient très bien, car je n'aime pas être au milieu du peloton : les chevaux obéissent à la voix du moniteur, non aux ordres du cavalier et pour un départ au galop demandé en A, seul le premier cheval part avec les aides de son jockey, les autres se contentent de subir. De ce fait, Ananas est très facile devant, et quand il est tout seul, évidemment. D'ailleurs, je nous enfermerai très vite dans un travail systématique à l'écart des autres, pour le plaisir d'être nous, et seulement nous. Une seule fois, j'ai abusé bien involontairement de la dureté du pelham : un cavalier faisait une diagonale, que je n'avais pas anticipée et je me suis retrouvée sur sa trajectoire. Aussitôt, j'ai freiné, mais l'action du mors est telle que j'ai presque assis le pauvre Ananas. Je crois que ce jour-là, il a dû avoir double ration de pommes et mille excuses, tellement j'en étais retournée.

Pourtant, la dureté du mors m'a rendu un grand service, si je puis m'exprimer ainsi. Trois semaines plus tard, se déroulait le carnaval de Lure, auquel le club participait avec un défilé de chevaux et de poneys. Dans ma superbe inconscience de l'époque, je demandais l'autorisation de participer au défilé, déguisée en mousquetaire ! Mon Dieu quel calvaire !!!! Je n'étais pas plutôt partie que déjà je regrettais d'avoir eu cette idée saugrenue. Dès lors que nous nous sommes retrouvés sur le trottoir, pour rejoindre le lieu du défilé, Ananas s'est métamorphosé en un cheval sur ressort. Tout d'abord, les poneys étaient devant car ils avaient l'habitude et restaient calmes, ce qui n'était évidemment pas du goût de mon Ananas. Et lorsque nous avons intégré le défilé, j'ai découvert les fanfares et les confettis !!! Il a fallu gérer ma terreur, que je devais sûrement transmettre à Ananas, et les éléments extérieurs. Le plus angoissant était pour moi la présence des poussettes avec les bébés. Les gens n'avaient aucune notion de la dangerosité de la situation et s'approchaient bien trop près à mon goût des jambes d'Ananas. Il aurait pu taper, faire un écart ... J'étais tétanisée à l'idée de créer un accident. Thanatos était devant moi, « pendu » aux rênes pour canaliser l'énergie d'Ananas que je ne maîtrisais pas. Et bien évidemment, il aurait fallu que je me détende et m'enfonce dans la selle, pour relâcher dans les doigts, ce que j'étais bien incapable de faire. Fort heureusement, le défilé se termina sans incident. Mais je descendis de cheval liquéfiée. Il me fallut longtemps pour me remettre de mes émotions, à tel point que j'avais même effacé cet épisode de ma mémoire. Cette anecdote, prouve s'il en faut, la gentillesse de caractère d'Ananas ... et justifie la pertinence de mon choix.


 

Les photos datent de février 2000. J'avais alors Ananas depuis presque deux ans. J'ai quelque part une photo du carnaval, mais je n'arrive pas à remettre la main dessus !

Publié dans chevaux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Un bien beau récit et j'imagine aisément ce que tu as pu ressentir. Comme je te l'ai déjà écrit, nous avions eu un cheval, un entier et je t'assure que plein de fois, je n'en menais pas large même si je ne l'ai monté qu'une fois.
Répondre
P
Ah comme c'est bon de revivre ces souvenirs, surtout continue à écrire poulette, j'adore ! Sacré ananas, il avait la fougue !
Répondre
B
Moi aussi j'ai connu ce genre de situation, avec le Centre équestre de Poitiers, nous étions sur une place dans un village pas très loin, attendant de présenter le spectacle costumé,et des motards ne trouvaient rien de mieux que de pétarader à côté des chevaux. J'ai toujours eu horreur d'être enfermée dans un groupe et quand j'ai eu mon premier cheval (moins difficile qu'Okandy), puis Okandy, j'ai eu des émotions car monsieur le sentait et sans doute n'aimait-il pas lui non plus l'"enfermement". Je me souviens entre autres d'un retour de la carrière vers l'écurie, sur tout le chemin (dans les 200 m) Okandy a pratiquement piaffé tout le temps parce qu'il y avait un autre cheval tout près, il me tardait d'arriver... les gens ont eu peur pour moi, mais tout s'est bien passé ! En revanche Okandy n'a pas du tout peur de la foule, absolument pas ! J'ai eu aussi une aventure si je puis dire, le jour où le moniteur a absolument voulu que je remplace quelqu'un dans la reprise du spectacle faite par les débutants, je lui ai dit que je ne connaissais pas suffisamment le texte. Il a insisté, résultat j'étais derrière avec une grande jument que je connaissais peu et comme je me suis trompée (c'est ma spécialité...) je me suis retrouvée devant, je me suis fait "gronder" par les autres, mais je leur ai dit que je ne savais pas ce que je devais faire, j'avais juste vu ce qu'ils faisaient, mais jamais je ne l'avais fait avant.
Répondre
A
On se souvient : moment d'allégresse, suivi de moment d'angoisse et surtout un grand doute sur ce que tu pourrais obtenir de ton amour d'ananas. AIE CONFIANCE ma grande, l'amour et la patience peuvent obtenir de vrai miracle. bisous
Répondre
M
Le pelham .... arme redoutable. Mais dans certains cas d'urgence, il ne faut pas culpabiliser pour y avoir eu recours.Je me suis faite la même réflexion avec la bride hier en arrêtant Movento avec les mains au lieu de l'arrêter avec l'assiette. J'ai dit "aie" au moment où ça se déroulait. Même lorsque nous ne sommes plus tout à fait débutants, les erreurs de parcours sont toujours là .... hélas.
Répondre